Quel conducteur s’engageant dans un tunnel s’attendrait à le voir muré à sa sortie ?
Quiconque s’interroge de cette manière sait qu’une telle éventualité relève de la structure du cauchemar et a de quoi réveiller le dormeur, tant l’angoisse suscitée est insupportable.
Hélas, le cauchemar peut devenir réalité et oblige à constater que nous ne sommes pas faits pour un monde sans issue : la plante cherche désespérément, quand elle en est privée, sa part de lumière pour subsister; il faut toujours qu’un ventre s’ouvre pour permettre au nourrisson d’exprimer son premier cri à l’air libre.
Proposer la paix, c’est offrir un cheminement vers la vie, même si le tunnel de la douleur et de la guerre est long et obscur.
Parce qu’elle s’apparente justement à la persévérance de la vie, la paix inspire l’opiniâtreté de la recherche scientifique, la ténacité de l’action caritative et solidaire, la persistance de la volonté de réconciliation. C’est pourquoi elle se présente comme une valeur sûre, elle est en effet capable :
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d’englober la liberté, l’égalité et la fraternité et de les aider à s’harmoniser, au lieu de se disperser sur des voies séparées : unies au sein d’un même désir de paix, la liberté, l’égalité et la fraternité s’engendrent mutuellement,
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de fédérer les différents domaines d’activité d’une société en les invitant à se relier plutôt qu’à s’opposer, à se rencontrer plutôt qu’à se fuir ou à se haïr,
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de re-structurer un modèle social dont le tissu se déchire, parce que le manichéisme l’inspire abusivement en distinguant le bon et le « méchant », l’excellent et le « nul » dès le plus jeune âge. L’exclusion commence à ce niveau et se poursuit en élevant des murs de séparation qu’une culture de paix a le devoir de refuser.
Englobante, fédératrice, re-structurante, la paix que personne ne peut accaparer, laisse des empreintes si durables de renouvellements sociaux et politiques, des œuvres culturelles et spirituelles si belles et si fécondes qu’il est indispensable de la proposer à tous comme une norme : une norme de la vie sociale, politique, religieuse, économique et juridique.
C’est ainsi que souhaitent la présenter les Maisons de la Paix en s’implantant en réseau, pour établir des liens entre ceux qui :
- dans des lieux exposés à la violence, sont prêts à en analyser les causes et à en réduire les effets,
- dans des lieux vulnérables, sont prêts à l’entraide et ouverts à l’idée de bâtir une société plus fraternelle,
- dans des lieux favorisés, voudraient bien réfléchir et agir pour plus de mixité sociale.
Autrement dit, les Maisons de la Paix souhaitent soutenir des porteurs d’initiatives en germe et semblablement inspirées par un souci de justice sociale, mais ne sachant pas où « donner de la voix » pour faire entendre leur citoyenneté.