Et si construire la paix c’était aussi l’abriter sous des toits réels afin de la rendre accessible…
En proposant la paix comme la clé de voûte d’un édifice social, les Maisons de la Paix cherchent à la rendre visible, là ou la fracture sociale est la plus manifeste mais aussi la plus symptomatique du malaise d’une société toute entière.
Cette société sécrète un sentiment de culpabilité qui ne s’avoue pas toujours chez les « riches » et un sentiment de honte diffus et dissimulé chez les « pauvres ».
Le non-dit, le non-reconnu de cette confusion générale, accentuent la violence et la font s’amplifier comme une onde de choc, dans les cités, les quartiers – ces « ghettos » des temps modernes.
En analysant les causes multiples de la violence, on serait tenté d’apporter des solutions spécifiques : économiques, sociales, politiques, religieuses, sans songer à les relier.
Ce serait mal connaitre la complexité du monde dans lequel nous vivons : notre soif de connexions est telle qu’elle ne peut plus se contenter de solutions partielles; elle nous fait désirer l’union, la solidarité, la fraternité; l’envie de partager se répand (co-voiturage, co-location) jusqu’à vouloir coexister politiquement, religieusement, coopérer à plus de justice, dans une société pourtant rongée par la division, la volonté d’exclure, et le repli sur soi.
Au cœur des cités, la violence est plus manifeste, la détresse plus muette, mais il s’y vit le même paradoxe : la menace de « radicalisation » suscite un appel grandissant à l’entraide et à la paix. Les mères qui ont perdu un fils ou une fille, les jeunes dont le parcours a été difficile, se mobilisent pour se faire entendre, témoigner dans les établissements scolaires de la nécessité de se défaire de la haine, de désapprendre la guerre.
Les maisons de la paix veulent répondre à cet appel, à ce cri de douleur que le manque de mots et de moyens a rendu trop longtemps inaudible.
Elles veulent le réaliser en offrant un outil pédagogique :
- qui sorte du fatalisme,
- qui responsabilise chacun, du plus jeune au plus âgé,
- qui sollicite un réseau d’intervenants extérieurs, mais aussi le réseau déjà actif de ceux qui, à l’intérieur des cités par exemple, savent ce qu’il faudrait faire, sans pouvoir l’appliquer,
- qui renforce la mixité sociale, par la rencontre multi-ethnique, multi-religieuse, multi-culturelle,
- qui éveille au goût de vivre en paix durablement.