Notre association, comme son nom l’indique, a pour préoccupation de bâtir la Paix.
En ces temps de grands bouleversements, je souhaite, en tant que fondatrice, ré exprimer clairement que le pacifisme est à distinguer de la pacification.
Le pacifisme est opposé à la guerre et c’est tant mieux… mais il peut très vite se métamorphoser en utopie, s’il ne considère plus la dangerosité latente en tout être humain et par suite de la société dans laquelle il évolue.
La méchanceté, la cruauté existent à des degrés divers en chacune et chacun d’entre nous : et d’autant plus, si nous ne prenons pas le temps de les regarder en face et surtout si nous pensons naïvement que les uns sont naturellement bons et les autres naturellement malfaisants.
Quand il s’accompagne de ce manichéisme, le pacifisme s’aveugle, endort les consciences et le réveil est rude.
Si l’on estime au contraire que la Paix s’apprend et qu’on doit lui fournir les moyens pour la rendre accessible, on s’engage dans la voie de la pacification et de la nécessaire obligation de se préparer face à la violence.
Tant que le compromis, la concession, la négociation font reculer la violence, ce sont des procédés bienvenus. Mais si la violence devient incontrôlable et meurtrière, une certaine non-violence deviendrait lâcheté.
Dans ce domaine, Gandhi* demeure un guide sûr et sa sagesse, au regard de son parcours, est fiable. En voici un aperçu :
« La Non-Violence ne consiste pas à s’abstenir de tout combat réel, face à la méchanceté »
« Avant de pouvoir s’initier à la Non-Violence, il faut tout d’abord apprendre à résister, au besoin jusqu’à la mort, chaque fois qu’un agresseur prétend dominer par la force »
« Il est impossible d’être à la fois lâche et non-violent. La Non-Violence est synonyme de vaillance exemplaire »
« Là où le choix existe seulement entre la lâcheté et la violence, il faut se décider pour la solution violente. Mais je n’en crois pas moins que le pardon est la parure du guerrier. »
Contrairement au pacifisme, on voit que la pacification oblige à quitter la passivité pour devenir agissante, en temps de guerre, en temps de paix.
Cette pacification invite chacune et chacun d’entre nous à lutter contre sa violence intérieure mais elle demande que cette action personnelle soit reliée à une action collective.
Gandhi nous avertit encore :
« La Non-Violence n’est pas une vertu monacale destinée à procurer la paix intérieure et à garantir le salut individuel, mais c’est une règle de conduite nécessaire pour vivre en société. »
C’est la raison pour laquelle, notre Association a appelé les jeunes à s’organiser, au delà des croyances respectives, des choix politiques et des appartenances ethniques, pour la Paix et Tous Ensemble.
A la lumière crue de la guerre, le monde à venir n’a pas d’autre alternative que de s’unir pour veiller à la vie et la protéger des vents destructeurs.
Marie-Pierre Oudin
*Gandhi : livre de sagesse. (Presses de la Renaissance)